Internet prend-t-il une majuscule ? Faut-il écrire covid, Covid ou COVID ? Peut-être vous êtes-vous déjà posé ces questions au moment d’écrire ou de relire un texte. Leurs réponses sont données par la typographie – qui est l’art d’utiliser les caractères. 

Comme l’orthographe, la typographie française possède ses règles, que l’on trouve notamment dans les « codes typographiques » développés à l’origine par les imprimeurs – mais qui valent aussi bien pour l’édition électronique. 

Comment, dites-vous ? Encore des règles à connaître ? Comme si l’imparfait du subjonctif ne suffisait pas ? Admettons que les erreurs typographiques sont sans doute les moins graves : elles se remarquent moins que les fautes d’orthographe. Toutefois, connaître les règles en usage permet de renforcer la lisibilité de votre document, sa cohérence et même son esthétique. Les respecter est une marque de qualité.  

Vous êtes perfectionniste et vous voulez donner à vos documents un aspect plus professionnel ? Examinons quelques-unes des questions de typographie les plus courantes, en commençant par un sujet capital : l’emploi des majuscules, qui mérite bien 5 notices à lui seul.  

1. Halte à la majusculite ! 

Le prestige de la majuscule pousse parfois à l’utiliser là où elle n’est pas nécessaire, par exemple pour ennoblir certains titres (M. le Président-Directeur Général – au passage, notez qu’il n’y a qu’un seul trait d’union) ou organisations (la Haute École). Pourquoi un Président, mais pas son Chauffeur ? Pourquoi une Haute École, mais pas une Boulangerie ? Il s’agit là de noms communs, donc sans majuscule – même le roi des Belges n’en prend pas. Seuls les noms des organismes à caractère unique (la Bibliothèque royale, le Parlement…) sont à considérer comme des noms propres, avec majuscule.  

Certains auteurs recourent aussi à la majuscule pour distinguer des concepts (l’Histoire, la Société, l’Homme…). Là non plus, il n’y a aucune raison de l’appliquer : l’être humain est une espèce, comme le cheval qui se contente bien d’une minuscule ; l’histoire est une discipline, tout comme la sociologie ou la médecine… 

Et internet, alors ? Ne s’agit-il pas d’une infrastructure à caractère unique, qui devrait donc prendre une majuscule ? L’usage hésite, mais c’est plutôt la minuscule qui est à recommander : on n’écrit pas Téléphone ni Télévision, qui sont eux aussi des réseaux mondiaux de communication. Pourquoi internet ferait-il exception ? 

2. Les majuscules prennent-elles des accents ? 

On entend souvent dire qu’il ne faut pas d’accent sur les majuscules. C’est l’héritage d’une contrainte technique propre à l’impression typographique : pour aligner des caractères en plomb dans une composition, il faut qu’ils soient tous de la même hauteur, ce qui ne laisse pas de place pour les accents sur les majuscules. Cette limite ayant disparu, il n’y a plus aucune raison de se passer des accents. 

Composition au plomb sur Linotype (Photo Library of New South Wales/Wikipedia)

3. Comment écrire les acronymes ? 

Le saviez-vous ? Laser est un acronyme (light amplification by stimulated emission of radiation), tout comme PNB (produit national brut). Dès lors qu’un acronyme est prononçable et s’utilise comme un nom commun, il s’écrit comme un nom commun : en minuscules. En revanche, si chacune de ses lettres se prononce, on l’écrira en majuscules. Traditionnellement, ces majuscules étaient séparées par des points, mais cet usage disparaît. 

La même règle s’applique aux sigles d’organisations : s’ils sont prononçables et considérés comme des noms propres, seule la première lettre s’écrit en majuscules : la Stib, l’Otan, l’Unesco… Mais on écrira l’OMS, dont on prononce chaque lettre. 

Autre exemple : covid est un acronyme (coronavirus disease) dont l’orthographe n’est pas encore bien fixée (le Covid ? la COVID ? le covid… ?). L’Académie recommande « la Covid », tandis que le dictionnaire Robert préfère « le covid ». L’usage finira par décider – à notre avis, il donnera raison au Robert : pourquoi faudrait-il écrire « Covid » avec une majuscule si l’on écrit « sida » ? 

4. Comment écrire les marques ?

Les marques s’estiment souvent seules compétentes pour déterminer la typographie de leur nom ou de leurs produits : tout en capitales (LEGO), avec une seule majuscule (Audi), voire de manière plus singulière, tout en minuscules (adidas), avec une majuscule au milieu (FedEx…) ou même en intégrant un signe typographique détourné (hey! telecom)…

Bien entendu, dans leur communication commerciale, les marques sont seules maîtresses à bord. Dans un texte rédactionnel, en revanche, les fantaisies typographiques peuvent poser des problèmes de lisibilité : que faire si adidas est le premier mot de la phrase : avec ou sans majuscule ? Et si hey! est le dernier mot de la phrase, faut-il ajouter un point ? L’usage commun est d’appliquer aux marques les règles typographiques des noms propres. On écrit donc Lego, Adidas, Audi, Hey Telecom… Et dans un texte rédactionnel, on ne fait jamais suivre ces marques d’un signe « copyright » ©, réservé aux documents commerciaux ou contractuels. 

5. Comment orthographier les titres d’œuvres ? 

Accrochez-vous, la typographie des titres d’œuvres et publications est un sujet complexe… Bien sûr, le titre commence toujours par une majuscule et, si le premier mot est un article défini, la majuscule s’applique aussi au premier substantif (Les Misérables), mais jamais au deuxième (Le Seigneur des anneaux)… sauf bien sûr s’il s’agit d’un nom propre (Le Père Goriot) ! Exception : si le titre se compose de substantifs placés en opposition ou en association, tous prennent une majuscule (Candide ou l’Optimisme ; Le Bon, la Brute et le Truand). 

(Photo barbara m/flickr)

Les adjectifs et adverbes, quant à eux, ne prennent pas de majuscule (Le Chat botté), sauf… s’ils précèdent le premier substantif qui, dans ce cas, conserve lui aussi sa majuscule (La Petite Sirène). 

Attention : si le titre commence par un autre déterminant qu’un article défini, seul ce déterminant prend la majuscule (Une saison en enfer). Une seule majuscule également si le titre est formé d’une phrase entière, avec un verbe (Autant en emporte le vent). 

L’usage est toutefois variable et il évolue. La tendance est aujourd’hui à la simplification (ouf !), en réservant la majuscule au premier mot, quelle que soit sa nature grammaticale. 

Mais encore ?

Nous n’avons abordé ici que l’utilisation des majuscules, ce qui laisse beaucoup d’autres questions en suspens : et les espaces ? les guillemets ? les caractères spéciaux ? Un seul article n’y suffira pas. Rendez-vous sur ce blog pour aborder cinq autres problèmes typographiques.

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