Quelle typo choisir ?

Vous aussi, vous avez déjà hésité devant l’innombrable quantité de polices disponibles pour réaliser votre brochure, votre site web – ou pour concevoir votre logo ? Un vrai casse-tête… Le choix n’est cependant pas anodin : la police est un élément graphique qui contribue à donner au projet… son caractère !

Une police de caractères, ce n’est pas seulement un outil de lecture ; c’est aussi un élément esthétique qui a sa personnalité, associée plus ou moins consciemment à certaines idées, certaines valeurs, cultures ou époques. Chacune d’elle est le résultat d’un travail de création, par des concepteurs assimilés à des artistes et qui, pour certains, leur ont donné leur nom : Claude Garamond, John Baskerville, Giambattista Bodoni, Jean-Marie Calibri, Frederic Goudy (cherchez l’intrus)…

Êtes-vous classique ou moderne ?

Les caractères s’expriment ! Ils sont à la fois la forme et le fond. Il ne faut donc pas se tromper dans son choix, au risque de brouiller le message que l’on veut faire passer. Doit-on préférer une typographie classique ou plus moderne ? Ou peut-être une police fantaisiste ? Et dans quel cas ?

Pour clarifier un peu les idées, on peut répartir les (milliers de) polices de caractères en quatre grandes familles (mais il existe d’autres classifications) :

1. Les polices à empattements (ou sérif) : leurs caractères présentent de petites terminaisons, sur lesquelles ils semblent posés. Parmi elles, on distingue les sous-familles des elzévirs, des didots et des égyptiennes. On les associe généralement au classicisme et à l’élégance. Parmi les plus répandues figurent Garamond, Times New Roman ou encore Cambria. Des marques telles que Sony, Heineken et IBM utilisent des polices à empattements.

2. Les polices sans empattements (sans sérif ou « antiques ») : plus simples, sobres, dénuées d’ornements, elles sont réputées plus modernes. Quelques exemples : Arial, Helvetica, Tahoma… On les reconnaît notamment dans les logos d’Amazon, Levi’s ou encore Nike.

3. Les polices cursives ou manuscrites : comme leur nom l’indique, elles imitent l’écriture manuelle, voire la calligraphie. On les associe fréquemment aux sentiments, mais aussi à la liberté, à la créativité ou à la sophistication. Kunstler en est un exemple, mais aussi Lucida Handwriting ou encore les écritures gothiques. Coca-Cola, Kellog’s ou Instagram ont choisi des polices cursives.

4. Les polices fantaisie ou décoratives s’affranchissent des règles pour privilégier l’impact visuel. Comme les polices cursives, elles sont généralement liées à la créativité, à la liberté, et bien sûr à l’originalité – ce sont souvent des créations uniques. Citons en exemple Broadway ou Stencil. Les logos de Sprite, Canon ou Lego utilisent des typos décoratives.

De manière générale, les polices cursives et fantaisie sont réservées aux éléments graphiques que l’on veut mettre en valeur, mais qui comportent peu de texte : un logo, le titre d’une œuvre ou d’une rubrique… Souvent moins lisibles, elles sont à proscrire pour les textes plus longs.

Dans les textes, justement, faut-il privilégier les polices avec ou sans empattements ? C’est une question de goûts (et de cohérence avec le message), mais surtout une question de lisibilité. Et cela dépend aussi du support : la lecture n’est pas la même à l’écran ou sur papier.

Avec ou sans empattements ?

L’écran est un support « basse définition », qui en outre est rétro-éclairé, ce qui rend la lecture plus fatigante pour nos yeux. Le papier est un support « haute définition » qui absorbe la lumière. Sous un bon éclairage, il convient bien à une lecture soutenue.

Les polices à empattements sont très lisibles sur papier : les pieds des lettres semblent former une ligne continue, qui guide l’œil. Elles conviennent cependant moins à la lecture sur écran. Pourquoi ? Parce que, dans une image composée de points (ou pixels), leur design plus ornementé a plus facilement tendance à se créneler (ou « pixelliser »), ce qui les rend moins lisibles. Il n’y a pas de règle absolue, mais on préférera souvent les polices sans empattements sur écran, et les polices à empattements sur papier – du moins pour le corps du texte.

C’est un peu différent pour les titres, intertitres et autres slogans : ils sont plus grands, la lisibilité est donc meilleure, ce qui permet un choix plus varié. Très souvent, on choisit le contraste : une police sans empattements pour les titres, si les caractères du texte sont « sérifs » – et inversement. Pour les petits caractères en revanche (les notes de bas de page, par exemple), on choisira une police sans sérifs.

Pensez aux lecteurs !

Varier les polices et les couleurs est une bonne idée pour animer la mise en page et structurer les contenus, à condition de ne pas exagérer. Optez pour un jeu de deux ou trois polices harmonieuses, ce qui permettra une distinction entre titres, textes, encadrés… Pour les textes, choisissez une famille de caractères comprenant différentes polices : standard, grasses et italiques. Évitez de multiplier les polices de différents styles ou d’abuser des couleurs : c’est fun, mais cela donne une impression d’incohérence.

En un mot, au moment de choisir vos polices, pensez d’abord… aux lecteurs !

Nous devons préparer les affiches de quatre nouveaux films, mais on hésite sur les typos, qu’en pensez-vous ?

(Photos, de gauche à droite : Roy Reyna/Pexels; Roberto Nickson/Unsplash; ReneAsmussen/Pexels; Pierrma Pietro Marini/Pexels)

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