Bleu ciel, rouge sang, vert émeraude… Les couleurs éveillent en chacun de nous une multitude d’associations et d’émotions, fonction d’une symbolique à la fois personnelle et culturelle. Mais au fait, que savons-nous vraiment des couleurs et de leurs propriétés ? Et comment pouvons-nous les utiliser ?
Du point de vue de la physique, les couleurs sont des longueurs d’onde dans le spectre de la lumière visible. Les objets absorbent une partie de cette lumière ; la couleur que nous percevons correspond aux longueurs d’onde qui sont réfléchies. Par exemple, le bleu et ses différentes nuances sont compris entre 450 et 500 nm environ, les rouges entre 630 et 700, etc. L’absorption totale correspond au noir (pas de lumière) ; la réfraction totale au blanc (toute de la lumière). Voilà pour la définition scientifique, qui toutefois manque de poésie.
Théorie des couleurs
Les arts visuels, et parmi eux les arts graphiques, ont développé leur propre théorie des couleurs et de leurs combinaisons, en se fondant sur les trois couleurs dites « primaires » : le bleu, le jaune et le rouge (en imprimerie, ce sont le cyan, le jaune et le magenta, complétés par le noir), à partir desquelles on obtient toutes les autres, que l’on représente sur le « cercle chromatique ».
Le mélange à part égales des couleurs primaires donne les trois couleurs secondaires, qui sont le vert (bleu et jaune), l’orange (jaune et rouge) et le violet (bleu et rouge). Viennent ensuite six couleurs tertiaires, mélanges de couleurs primaires et secondaires (par exemple l’indigo, mélange de bleu et violet, ou le turquoise, mélange de vert et bleu).
Pourquoi six couleurs tertiaires et pas neuf ? Parce que certaines couleurs sont incompatibles : celles qui sont diamétralement opposées sur le cercle. Leur mélange (rouge et vert, orange et bleu, jaune et violet), donne quelque chose d’indéfinissable, quelque part entre le brun, le gris foncé et le noir. Ces couleurs, en revanche, sont dites « complémentaires » : côte à côte, elles produisent un contraste qui les fait paraître plus vives.
Notre cercle chromatique comprend à présent 12 couleurs – et des milliers de nuances potentielles. Sa division en deux moitiés détermine la répartition entre les couleurs « chaudes » (du jaune au magenta, qui est un rouge violacé) et « froides » (du violet au vert citron).
Les couleurs ont une histoire
En dehors de ces caractéristiques, les couleurs sont aussi des constructions mentales. La preuve ? Le bleu ou l’orange n’ont pas toujours existé ! Du moins, ils n’ont pas toujours été définis comme des couleurs distinctes. Dans l’Antiquité grecque et romaine, où les couleurs dominantes étaient le blanc, le rouge et le noir, il n’existait tout simplement pas de mot pour désigner le bleu – alors même que les civilisations méditerranéennes avaient tout loisir d’observer le ciel et la mer. Nos ancêtres considéraient plutôt le bleu comme une sorte de gris ou de vert. Jusqu’au Moyen Âge, pas de mot non plus pour désigner l’orange, perçu comme une nuance de rouge ou de jaune.
Comme l’explique Michel Pastoureau, historien des couleurs, c’est justement vers la fin du Moyen Âge que les couleurs changent de nature. Jusqu’alors, elles n’avaient de sens que pour qualifier les choses : « des fleurs rouges ». Ensuite, elles trouvent leur propre sens : « du rouge ». Les couleurs passent du concret à l’abstrait. À la même époque, le vocabulaire pour les désigner s’élargit et la symbolique des couleurs apparaît.
Symbolique des couleurs
De manière très subjective, nous associons aux couleurs de multiples significations, sentiments ou valeurs, en fonction de notre personnalité, de notre culture ou de nos états d’âme passagers. On parle même de « langage des couleurs », comme il y aurait un « langage des fleurs ». D’ailleurs, ne dit-on-pas « broyer du noir », « voir la vie en rose » ou encore « voir rouge » ?
Cette symbolique a cependant varié selon les lieux et les époques – et varie encore. Ainsi, en Occident, le rouge est souvent associé à la passion, ainsi qu’au danger ; mais en Asie, il signifie joie et bonheur – c’est par excellence la couleur du Nouvel An chinois. Le jaune, couleur solaire, qui rappelle l’or, est très souvent associé à la richesse et à la gloire. Le bleu, couleur du ciel, est lié depuis le Moyen Âge au divin, ce qui en a fait un synonyme de paix et de sagesse. Depuis un siècle environ, c’est également une couleur « genrée », destinée aux garçons dans les vêtements d’enfants, tandis que le rose est réservé aux filles. Quant au vert, autrefois considéré comme une couleur néfaste, il apparaît aujourd’hui comme une couleur favorable, évoquant la nature et l’espérance.
Le blanc, qui est pour nous couleur de pureté, est aussi une couleur de deuil dans de nombreuses sociétés asiatiques, tandis que le noir revêt des significations contradictoires : couleur de malheur et de mort en Occident, couleur de malchance en Asie, c’est aussi la couleur du luxe.
Quel que soit le sens qu’on lui donne, la couleur est un puissant élément visuel. Vive ou douce, claire ou sombre, elle est porteuse d’émotions ; elle permet des contrastes et des effets qui attirent le regard, organisent et structurent l’image, créent des ambiances…
Ce qui est vrai en peinture ou en photographie l’est aussi dans une mise en page : la couleur est un outil de communication, que le graphiste met au service de vos documents.