Lire, ce n’est pas seulement un bon moyen de se détendre, c’est aussi un bon moyen de se cultiver et d’entretenir sa santé mentale. Capacité d’analyse et de concentration, mémoire, raisonnement, intelligence émotionnelle : toutes ces facultés sont stimulées par la lecture. Et c’est encore plus vrai sur papier.
C’est un paradoxe : on n’a sans doute jamais publié autant de livres (75.000 nouveautés par an en France), alors qu’on en lit de moins en moins. Une récente étude menée, toujours en France, par le Centre national du livre montre un recul du temps consacré à la lecture de loisir (3h14 par semaine chez les 7-25 ans) au profit du temps passé devant les écrans (3h50 par… jour !).
Les statistiques de ventes de livres le confirment : en Belgique francophone, le marché du livre avait connu un rebond de 14 % en 2021 – très probablement lié à la crise du covid et aux confinements – mais il s’est à nouveau contracté de 5 % au premier semestre 2022.
À l’écran ou sur papier ?
Il faut toutefois nuancer : si nous lisons moins sur papier, nous n’avons probablement jamais autant lu à l’écran – celui de l’ordinateur, du téléphone, de la tablette… Mais c’est une lecture très différente : plus erratique, plus fractionnée, la lecture à l’écran est sans cesse réorientée par un hyperlien, une suggestion… Elle est généralement alimentée par des contenus courts, à caractère d’information ou de communication : posts, billets de blog, e-mails, articles de presse… La lecture sur papier, en revanche, est une expérience plus immersive, plus concentrée et prolongée, plus souvent orientée vers des contenus narratifs ou de réflexion. Alors qu’à l’écran, le lecteur « rebondit » d’un contenu à l’autre, sur papier, il suit davantage un cheminement linéaire. Il lui est aussi plus facile de s’orienter dans la structure du texte et de s’en faire une représentation mentale.
34 points d’écart
Est-ce à dire que la lecture sur papier serait « meilleure » ? Il est plus juste d’écrire que numérique et papier se complètent, permettant au lecteur de développer des aptitudes différentes. Mais il semble bien que la lecture sur papier offre certains avantages spécifiques, favorisant notamment une compréhension plus approfondie du texte et une meilleure mémorisation – ce que confirment différentes recherches.
Un chiffre interpelle : une étude PISA, réalisée en 2018, a montré que les élèves qui lisent beaucoup sur papier obtiennent 49 points de plus que ceux qui lisent peu ou jamais. Un écart qui représente plus d’une année scolaire. Fait remarquable : ces mêmes lecteurs « papier »gardent 34 points d’avance sur ceux qui lisent surtout à l’écran…
Bon pour le cerveau
Que ce soit à l’écran ou sur papier, les bienfaits de la lecture sur notre santé mentale sont avérés. Lire régulièrement – et pour le plaisir ! – réduit le stress et renforce l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire notre capacité à reconnaître nos émotions et celles des autres. La lecture nous permet non seulement de nous distraire, mais aussi d’améliorer nos connaissances et nos capacités de réflexion. Elle développe notre cerveau, en l’entraînant comme un muscle. Mieux encore : elle retarde son vieillissement !
Excellent exercice intellectuel, la lecture offre aussi un effet apaisant. Là encore, l’avantage est au papier : lire un livre permet de s’isoler des stimulations extérieures, d’entrer dans une « bulle » où l’on peut se concentrer sur soi-même, dans une relation intime avec le texte – ce qui n’est pas négligeable dans un monde numérique où nous nous sommes constamment interrompus par de nouvelles sollicitations. À l’écran, la lecture est plus dynamique, elle encourage à cliquer et scroller, mais elle est aussi plus superficielle – sans oublier que nos yeux fatiguent plus vite à lire un écran rétro-éclairé.
Last but not least : le goût de la lecture s’auto-entretient. Lire un peu chaque jour – de tout : romans, essais, biographies, BD, ouvrages historiques… – encourage à lire davantage le lendemain. Alors lisez, c’est bon pour le moral et pour la santé !
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