Une à trois secondes (dans le meilleur des cas) : c’est le temps dont vous disposez pour accrocher l’œil du public et l’intéresser au contenu de votre affiche, de votre roll-up, ou à la couverture de votre magazine. Comment la mise en page peut-elle vous y aider ? 

Quelle est la différence entre une affiche que l’on regarde et une autre que l’on ignore ? Entre un magazine que l’on ouvre et un autre que l’on délaisse ? L’intérêt qu’on y trouve, bien sûr… Mais avant même de s’intéresser au sujet d’une affiche ou au titre d’une revue, il faut les voir. Pour retenir l’attention, il faut d’abord attirer l’œil – ce qui se joue en quelques secondes à peine dans un environnement visuel saturé (comptez le nombre d’affiches dans une gare ou un aéroport !).

Comment relever ce défi ? En exploitant au mieux les mots et les images pour un maximum d’impact – ce qui est tout l’art de la mise en page. 

Quel message ? 

« Avant tout, il faut se demander quel message on veut faire passer », explique Sabine Perillo, Creative Director chez db Studio. « Imaginons par exemple une affiche pour un Salon du Cheval. Il y a plusieurs informations à faire passer : le sujet, la datele lieu..Le plus important est sans doute le sujet, mais il peut s’exprimer par le visuel aussi bien que par les mots. Si j’ai une grande photo de cheval, on comprend tout de suite de quoi il s’agit ; il n’est pas forcément nécessaire d’ajouter en grands caractères ‘Salon du Cheval’Peut-être qu’on peut réduire ce titre et donner priorité à la date, qui est l’autre info importante. À l’inverse, si on a moins de place pour le visuel, c’est le mot ‘cheval’ qui devient l’élément le plus important à mettre en valeur. »

Une image lisible

Pour attirer l’œil, l’image doit être « lisible », c’est-à-dire composée avec simplicité, sans trop d’éléments disparates – ce qui ne veut pas forcément dire que le sujet doit être évident. On peut choisir une image ambiguë, intrigante, pour autant que le texte lui apporte du sens. Il faut aussi qu’elle soit suffisamment contrastée, sans une trop grande variété de couleurs. 

« La surcharge est l’ennemie du message. Une photo de brocante, par exemple, même si elle illustre bien le sujet, peut être illisible’ s’il y a trop de gens, trop d’objets, trop de couleurs… Il faut se méfier de l’effet ‘patchwork’. Pour autant, on ne doit pas s’interdire d’utiliser plein de couleurs ; elles peuvent très bien fonctionner pour une affiche de carnaval, par exemple, mais il faut hiérarchiser : une couleur principale et des couleurs secondaires. »  

Faire parler le texte 

S’il y a beaucoup d’informations à placer et peu ou pas de place pour le visuel, c’est le texte lui-même qui doit « percuter » le spectateur. Pensons aux affiches de festivals, parfois uniquement composées d’une liste d’artistes. Dans ce cas, le graphiste jouera sur les polices de caractères pour mettre en évidence les éléments principaux – ici, les artistes les plus « vendeurs ».    

« La typographie permet beaucoup de choses : on peut utiliser différentes polices, différents corps, plus grands ou plus petits, des caractères gras, des italiques… Même des polices de fantaisie, quand cela s’y prête – par exemple, pour une soirée western, où la typo apporte un sens. Mais la règle est la même que pour l’image : il faut éviter l’incohérence et la surcharge. »

Hiérarchiser l’information 

Trop d’info tue l’info : c’est le problème de nombreuses affiches et couvertures où l’on veut placer (beaucoup) trop d’éléments, ce qui finit par noyer le message. « Il faut hiérarchiser. En couverture d’une revue, par exemple, il faut bien sûr le titre de la publication et un visuel accrocheur. Mais on veut aussi annoncer certains contenus : un dossier, l’un ou l’autre article… En général, on conseille de se limiter à trois ou quatre titres maximum : un principal et deux ou trois secondaires. Au-delà, ils vont se ‘manger’ entre eux. » 

Un autre principe bien connu des graphistes est celui de la « lecture en Z » : l’œil se porte d’abord sur le haut de la page, puis la traverse en diagonale avant se poser en bas. « En ce qui me concerne, j’y attache moins d’importance ; il ne faut pas cadenasser la mise en page. Je suis beaucoup plus attentive à ce que permet le visuel : où placer les textes pour qu’ils soient bien mis en valeur ? Un titre ne doit pas forcément se trouver au-dessus. Placé en grand au milieu de l’image, il fera tout autant d’effet. »

Donner de l’air

En pages intérieures d’un livre ou d’un magazine, les enjeux sont différents. Il ne s’agit plus de capter l’attention : en principe, si le lecteur en est arrivé là, c’est que le contenu l’intéresse. Il s’agit plutôt de faciliter la lecture et la rendre agréable. 

« On aura moins de latitude dans un magazine, parce qu’il existe déjà un canevas à respecter », reprend Sabine. « Ici aussi, on va essayer de structurer tout en animant la page avec des éléments tels que des intertitres, un encadré, un exergue… Le blanc a également beaucoup d’importance, parce qu’il permet d’aérer la page et de reposer l’œil – on dit qu’on ‘donne de l’air’. Il faut cependant faire attention : trop d’espace entre les éléments les fait ‘flotter’. La page paraît déstructurée et le regard n’accroche plus. Il faut bien doser. Personnellement, j’aime élargir les marges sur les côtés. Le texte reste condensé mais on garde quand même de l’espace ; ça donne une respiration avant d’entrer dans la lecture. »

Dans un livre ou une revue, on peut aussi se permettre d’utiliser les images différemment, soit en les plaçant à différents endroits selon les pages, soit en utilisant une photo pleine page, par exemple en ouverture d’un article ou d’un chapitre. « Cela permet de rompre la monotonie, relancer le rythme de la lecture. J’aime aussi couper les photos en deux ou trois, quand elles s’y prêtent. »

Impact au premier coup d’œil 

Bien sûr, certains choix sont affaire de goût : chaque graphiste développe son propre style ; chaque lecteur a sa propre sensibilité. Mais l’efficacité commande de respecter une règle d’or : la lisibilité avant tout. « Il faut que le premier coup d’œil soit le bon ! »

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