Ennoblissement ! Le mot suffit à éveiller l’imagination. Dans le monde de l’imprimerie, il désigne différentes techniques qui permettent d’offrir à l’imprimé un surplus de caractère et d’originalité, jusqu’à le transformer en objet d’exception. Partons à la découverte de leurs possibilités.
Vous les connaissez déjà : vous les avez déjà remarquées sur la couverture d’un beau livre, la boîte d’un parfum, ou encore sur un carton d’invitation. Gaufrage, dorure et découpe sont trois techniques qui donnent à l’imprimé ce qu’on pourrait appeler « l’effet waouw ! » : celui qui capte le regard et donne envie de toucher. Trois techniques généralement associées au luxe, qui ont en commun d’être pratiquées après l’impression, le plus souvent sur de petites presses typographiques.
1. Gaufrage
Le gaufrage (on parle aussi d’embossage ou de repoussage) consiste à imposer une déformation à la surface du papier, en pressant la feuille entre un « cliché » en relief et une « contrepartie » en creux. L’opération s’effectue généralement sur une presse à platine, dite « presse portefeuille ». Bien entendu, ce traitement est à réserver aux papiers de fort grammage (250 g/m² ou plus, rarement moins) et, parmi eux, de préférence aux « papiers chiffon », qui contiennent une part de fibres textiles et sont plus résistants aux déchirures.
Les possibilités du gaufrage sont multiples : il peut être utilisé ton sur ton, par exemple pour faire apparaître un logo, des lettres ou un autre motif ; il peut aussi être encré. Selon le sens choisi, il peut être réalisé en relief ou en profondeur – parfois même à plusieurs niveaux si le papier le permet. Attention : le gaufrage déforme les deux faces du papier ; ce qui est en relief au recto apparaîtra en creux au verso. Il faut donc en tenir compte à la mise en page.
Cette technique s’utilise typiquement sur des couvertures, des cartes de vœux, certains emballages de luxe, ainsi que sur ce qu’on appelle les « travaux de ville » : invitations, faire-part, cartes de visite, menus, etc.
Le gaufrage a bien sûr un coût, puisqu’il faut fabriquer le cliché et sa contrepartie. À moindre prix, il est possible d’obtenir certains effets de relief par l’application d’un pelliculage texturé ou d’un vernis 3D repéré. Sans déformation du papier, ce relief est toutefois moins prononcé et n’apparaît que sur une seule face.
2. Dorure
Comme le gaufrage, la dorure est un procédé mécanique qui réclame la fabrication d’un cliché en relief et s’accomplit généralement sur une presse à platine. Le cliché est d’abord chauffé (on parle de « dorure à chaud », « hotfoil stamping » en anglais) ; puis, en machine, un film métallisé lui est appliqué. La pellicule métallique adhère aux reliefs du cliché ; elle est ensuite transférée sur le papier.
La dorure permet d’appliquer des couleurs or, argent, bronze ou cuivre, mais aussi du bleu, du vert, du rose et tout le nuancier des couleurs métallisées. Elle permet aussi de réaliser des hologrammes, notamment dans des applications de sécurité. Elle convient à de nombreux supports, y compris synthétiques, mais exige une certaine épaisseur – tout comme le gaufrage. Les deux techniques peuvent être combinées en un seul passage.
Le champ d’application est identique à celui du gaufrage : beaux livres, emballages et étiquettes de luxe, cartes de vœux et travaux de ville haut de gamme.
Il existe également un procédé de dorure à froid, qui peut être appliqué en ligne sur une presse offset et qui a l’avantage d’autoriser la dorure sur des grammages légers, mais ceci réclame un équipement particulier que très peu d’imprimeurs possèdent. Les encres métallisées offrent une autre option, moins coûteuse, également réalisable en offset, mais qui n’offre pas le même rendu : les couleurs sont beaucoup moins brillantes. Si on choisit cette solution, il faut éviter de pelliculer l’imprimé, au risque de perdre tout effet brillant.
3. Découpe
Pratiquer une découpe dans l’imprimé permet d’autres effets étonnants ; dans une couverture par exemple, elle permet d’ouvrir une fenêtre sur la page de garde. On l’utilise aussi pour découper des logos. Les fardes en carton sont une autre application typique : la découpe permet de réaliser des pattes ou des encoches pour glisser des cartes de visite.
Si le motif à découper est relativement simple et que le tirage le justifie, la découpe sera réalisée « à la forme » (on dit aussi « à l’emporte-pièce ») : le motif est reproduit par un filet métallique cintré, placé sur une « forme de découpe », elle-même montée sur la presse. La forme est ainsi forcée à travers le papier, par pression. Le cintrage a toutefois ses limites : si le motif est plus complexe, la découpe sera réalisée au laser, suivant un patron programmé – ce qui permet de réaliser de véritables dentelles de papier. Cette solution nécessite toutefois une machine spécifique.
… et plus encore !
Pour des résultats encore plus créatifs, ces trois techniques peuvent être combinées entre elles ou avec d’autres procédés tels que le vernissage ou le pelliculage – les possibilités n’ont pratiquement pas de limites.
Leur utilisation doit cependant être bien réfléchie. D’abord pour ne pas abuser de leur caractère spectaculaire : rien de tel qu’un design sobre pour maximiser l’impact des « effets spéciaux ». Ensuite, parce qu’elles imposent une étape supplémentaire, donc un délai à prendre en compte. Enfin, parce qu’elles représentent un surcoût – toutefois à la mesure de leur plus-value.