En imprimerie, on parle de « ton direct » ou de « couleur d’appoint » quand on utilise une encre spécialement mélangée afin de reproduire une couleur particulière. Toutefois, cette encre supplémentaire est rarement nécessaire : la quadrichromie (CMJN) suffit à reproduire la plupart des tons souhaités, en se référant au besoin à un système de classification.
L’œil humain est capable de distinguer plusieurs centaines de milliers de nuances de couleur, voire plusieurs millions – cette capacité varie selon les individus.
Pour les reproduire, l’imprimeur n’en dispose que de quatre : cyan (qui est une variété de bleu), magenta (un rouge violacé), jaune et noir, communément désignées par leurs initiales, CMJN (CMYK en anglais). Sur une presse offset, ces couleurs sont appliquées successivement sur quatre groupes, chaque groupe imprimant une couleur par l’intermédiaire d’une plaque préparée à cet effet – d’où le terme « quadrichromie ».
Ensemble, ces quatre couleurs permettent de reproduire la plupart des autres. Il est toutefois important de comprendre qu’elles ne se « mélangent » pas sur le papier : elles sont appliquées en des milliers de minuscules points juxtaposés, qui peuvent parfois se chevaucher – cette « trame » est d’ailleurs visible à la loupe. C’est la proportion des points CMJN qui crée, pour l’œil, l’illusion d’autres couleurs.
Référence Pantone
Mais alors, si les couleurs imprimées sont le résultat d’une combinaison, comment s’assurer que la couleur choisie, par exemple pour le fond d’une affiche ou la couverture d’un livre, sera bien reproduite, à la nuance près ? Que le rouge ne sera pas un peu trop violet, ou le vert un peu plus foncé qu’on ne l’aurait souhaité ?
Pour cela, les graphistes et les imprimeurs utilisent des systèmes de référence, dont le plus connu est le Pantone Matching System (PMS), également utilisé par les peintres et les stylistes. Le système Pantone comprend plus de 3000 couleurs présentées dans des nuanciers, sur papier couché ou non-couché – une distinction qui n’est pas sans importance, car leur blancheur diffère, ce qui influence bien entendu le rendu des couleurs imprimées. À chaque couleur du nuancier correspond une référence, qui permet aux graphistes de les convertir en « quadri ».
Au-delà du « gamut »
Toutefois, la quadrichromie ne permet pas de reproduire la totalité des couleurs visibles : son « gamut » (le périmètre des couleurs reproductibles) couvre environ 70% du spectre. Est-ce que cela signifie qu’il « manque » un tiers des couleurs ? Qu’on ne pourrait pas imprimer du vert, par exemple ? Évidemment, non ! C’est plutôt une question de nuances : on pourra imprimer la plupart des verts ou des rouges, mais pas certaines nuances ; il faudra donc accepter des compromis.
Comment atteindre les 30% restants ? L’une des solutions est d’ajouter des couleurs. C’est ainsi que certains travaux sont réalisés en hexachromie, avec deux couleurs supplémentaires – en offset, ce sont généralement l’orange et le vert, ce qui permet d’étendre le gamut jusqu’à 80% du spectre visible, voire au-delà. Un résultat qui peut être appréciable dans certains domaines comme le livre d’art ou la photo. L’inconvénient, c’est qu’il faut imprimer en deux passages ou disposer de six groupes d’impression (une configuration assez rare). Et dans les deux cas, il faut préparer six plaques au lieu de quatre. Imprimer en hexachromie coûte donc plus cher.
Identité visuelle
Si la quadri ou l’hexachromie excellent à reproduire les couleurs intenses, les ombres et les dégradés, elles n’offrent pas forcément une solution idéale quand il s’agit de respecter strictement l’identité graphique d’une marque ou la couleur d’un logo. Cette couleur peut se trouver au-delà du gamut, ou bien sa conversion en CMJN peut être imparfaite.
Dans ce cas, il existe encore une autre solution : le « ton direct », qu’on appelle aussi « couleur d’appoint » ou « couleur PMS » (en référence au système Pantone). Dans ce cas, plutôt que de composer en quatre ou six couleurs, on va utiliser directement une encre de la couleur voulue. Cette encre, il faut toutefois la fabriquer sur commande (la « recette » est donnée par la référence PMS). Si, par ailleurs, on imprime le reste du document en quadri, il faudra un groupe et une plaque supplémentaires – il y a donc là aussi un surcoût.
En impression commerciale, il est relativement rare que l’on utilise les couleurs d’appoint – dans la plupart des cas, la quadri offre une solution satisfaisante. Mais dans certaines applications, notamment en emballage, où les marques sont plus attentives au respect de leur identité visuelle, les tons directs sont régulièrement utilisés.