Lorsque vous commandez un imprimé, vous vous demandez sans doute quel sera son impact sur l’environnement ? Pour le comprendre, nous allons faire le tour de l’imprimerie, analyser le processus de production, les produits utilisés et l’énergie consommée – vous verrez que les impacts ne se trouvent pas forcément là où on les attend.
Même si les techniques d’impression ont beaucoup évolué au cours des dernières décennies, avec l’essor de l’impression numérique, c’est l’offset qui demeure, en volume, le procédé largement dominant. Affiches, brochures, magazines, livres, dépliants… : dès lors que le tirage atteint quelques centaines d’exemplaires, tous ces produits sont imprimés en offset. C’est donc sur cette technique que nous allons nous concentrer.
Comment fonctionne une presse ? Quels sont les produits utilisés dans l’atelier d’imprimerie ? Que deviennent-ils en fin de processus ? Qu’en est-il de la consommation d’énergie ? Et qu’est-ce qui détermine l’empreinte carbone de l’imprimé ? Pour le comprendre, nous allons suivre tout le trajet de fabrication, de la feuille au produit fini.
1. Les plaques
L’impression offset combine en fait deux techniques : la photo et la lithographie. L’image à imprimer est d’abord reproduite sur des plaques (c’est le procédé photo). Ensuite, ces plaques sont encrées et – très important – elles sont également mouillées (c’est le procédé lithographique). Le mouillage tire parti de l’incompatibilité entre l’eau et les corps gras : les parties non exposées de la plaque retiennent l’eau (on parle « d’eau de mouillage ») et repoussent l’encre, qui adhère aux parties exposées.
Les plaques offset sont généralement faites d’aluminium, recouvert d’une couche photosensible. Il faut une plaque pour chacune des quatre couleurs (cyan, magenta, jaune et noir). Avant l’ère numérique, ces plaques étaient « flashées » à partir d’un film photo, qu’il fallait développer. Aujourd’hui, elles sont imagées au laser, directement à partir des données de prépresse : plus besoin de film, ni de bains de développement, ni de fixateur. Voilà une importante source de pollution en moins.
Reste l’aluminium, qu’il a fallu extraire et transformer. Rassurez-vous, les plaques ne finissent pas au rebut : l’aluminium est trop précieux pour cela. Elles sont revendues au prix du métal et recyclées.
2. Les produits de mouillage
L’eau du robinet ne convient pas à la presse offset : elle peut contenir toutes sortes de minéraux dissous et d’autres contaminants. Elle est donc d’abord traitée par osmose, puis on lui ajoute certains additifs qui améliorent ses propriétés et préservent la presse : biocides, lubrifiants, ainsi que des agents tensio-actifs (qui augmentent de degré « d’étalement » de l’eau). Dans le passé, les imprimeurs utilisaient beaucoup l’alcool isopropylique (IPA), qui a l’avantage d’être à la fois biocide, dégraissant et tensio-actif, mais qui est aussi toxique et inflammable. Aujourd’hui, les quantités d’IPA ont été fortement réduites ; il est même souvent remplacé par des substituts moins nocifs. Certaines presses n’utilisent même plus d’eau (c’est le procédé « waterless »).
3. Les encres
Les encres offset ont une consistance pâteuse ; elles sont principalement composées d’huiles, de pigments, de solvants (qui dissolvent les pigments) et de résines (qui augmentent l’adhérence de l’encre). Elles aussi ont évolué : dans le passé, ces encres étaient fabriquées à base d’huiles minérales, issues de la pétrochimie. Aujourd’hui, ces huiles minérales ont été largement remplacées par des huiles végétales. Lorsque le papier imprimé est recyclé (ce qui est presque toujours le cas : en Belgique, le taux de recyclage avoisine les 90%), l’encre est éliminée sous forme d’un résidu qui est incinéré.
4. Les blanchets
L’offset est un procédé d’impression indirecte : l’image encrée sur la plaque est d’abord appliquée sur un support intermédiaire (le blanchet), avant d’être reportée sur le papier. Composés de caoutchouc synthétique, les blanchets doivent être périodiquement remplacés. Ils sont malheureusement difficiles à recycler et finissent généralement à l’incinération. Toutefois, il existe des pistes de réutilisation : la grande résistance des blanchets en fait un matériau « d’upcycling » intéressant. Des pistes existent, notamment dans la fabrication d’objets et même d’accessoires de mode !
5. Les produits de lavage
Qui dit encres et graisses dit produits de lavage. Les produits utilisés pour nettoyer les machines sont forcément assez agressifs ; comme pour les encres, leurs composants pétrochimiques ont été (partiellement) remplacés par des composants d’origine végétale. Avec les chiffons et les résidus d’encre agrégés, les nettoyants sont récupérés et traités par des opérateurs spécialisés.
6. L’énergie
Les presses offset tournent généralement à des vitesses comprises entre 12.000 et 18.000 feuilles à l’heure : chaque cylindre accomplit 3 à 5 tours par seconde ! Pourtant, l’entraînement de la presse ne représente pas forcément la plus grosse dépense d’énergie : il en faut aussi pour maintenir à température constante les systèmes d’encrage et de mouillage (par réfrigération), ainsi que pour sécher les feuilles(sous des lampes IR ou UV). Toutefois, d’énormes gains d’efficacité énergétique ont déjà été accomplis par les constructeurs – qui progressent encore.
7. Le papier
Même s’il faut de l’énergie pour fabriquer les plaques offset, pour les graver et pour faire fonctionner la presse, ce n’est pas dans l’atelier que se joue (principalement) l’impact CO2 de l’imprimé, ni dans son transport. L’élément le plus important, et de loin, c’est le papier, comme l’ont confirmé différentes études(jusqu’à 70% de l’empreinte CO2 totale, selon les cas). Pourquoi ? Parce qu’il faut beaucoup d’énergie pour réduire la fibre de bois en pâte, puis pour transformer cette pâte en papier. Mais, contrairement à une idée reçue, le papier recyclé ne présente pas forcément une meilleure empreinte carbone : tout dépend du mix énergétique de l’usine qui l’a fabriqué…
Pour garantir que le procédé d’impression s’accomplit dans les meilleures conditions de durabilité, il existe différents labels et certifications, dont Imprim’Vert ou Ecovadis, auxquels adhère DB Group. De même, il existe des labels applicables au papier, FSC et PEFC, garantissant qu’il provienne d’une gestion forestière durable – mais ces labels ne disent rien de son empreinte carbone.
Si vous êtes soucieux de durabilité, faites un choix éclairé : parlez-en avec votre imprimeur. Il pourra vous répondre et vous conseiller.
